TreeHouse - I'm From Barcelona
[photo de Timur Celikdag]
LONG MAIS POURTANT SI VRAI
DES JEUNES Y ENTRENT DES FAUVES EN SORTENT
Une justice qui s'archarne sur le passé
Certains juges font preuve d'une férocité et d'une hargne incroyables. A l'issue d'un procès, Laurent, mineur, écope du maximum (comme d'habitude). Et le président du tribunal qui, tout au long de la séance, s'était montré ouvertement agressif, commente son verdict:
<< Six mois de prison, tu n'as que ce que tu mérites. Autant protéger la société d'individus de ton espèce. Tu es incapable de rester plus de deux semaines en liberté. Je suis sûr de te retrouver encore ici dans six mois et quinze jours. >> En sortant de prison, au bout de sa peine, Laurent entendait encore ces paroles implacables. Il y croyait, à cette prédiction: << Tu ne seras pas plus de quinze jours a l'air libre. >> Alors il a pris la décision dans les jours qui ont suivi. Il a pensé tout de suite aux rails qui couperaient définitivement toute tentation de voler.
<< Je me coucherais sur la voie. Le Train passera. Fini les vols, la taule, le mitard...>> Il a bu jusqu'à ce que toute cette peur de revenir en arrière s'efface. Il est parti le long de la voie ferrée, s'est couché, et a attendu. Le ciel étoilé brillait au-dessus de lui. Le calme absolu. Un lointain grondement. La voie qui tremble doucement, puis, de plus en plus fort. Le train fonce à cent vingt kilomètres à l'heure. Laurent attend sans penser une seconde qu'il est encore possible de découvrir un visage humain, des horizons nouveaux...La machine est à quelques mètres de l'adolescent, au coeur depuis longtemps mort de n'avoir trouvé que murs, solitude, détresse face à sa quête d'être simplement reconnu, aimé, attendu. le souffle puissant du monstre de fer happe le corps, le soulève, le rejette, le reprend...Il se réveille le lendemain à l'hopital, le bout du pied sectionné. Il ne fera que traîner son nouveau handicap de prison en prison.